J'ai quitté la demoiselle peu avant l'aube. Ne connaissant point les effets du soleil sur ma peau, je préfère me tenir loin de cette étrange étoile, si on peut l'appeler ainsi. Je m’étais réfugiée dans une auberge miteuse, un endroit qui me plaît tant puisqu’il est très peu fréquenté. À mon arrivée j’ai filé directement dans la chambre la plus proche sans que la femme à l’accueil m’aperçoive. Nous, les vampires, nous avons une extrême vitesse, ce qui nous est souvent utile. Je me suis assise sur le lit, et pour une fois, mon regard n’était point vide d’émotions. On ne pouvait pas cette fois lire la déception d’une vie sur les traits de mon visage, ni la solitude pesante. Cette fois, un magnifique sourire s’était incrusté à mes lèvres. C’était surprenant. Mon regard se baladait sur la décoration médiocre de la chambre. Ce matelas était si peu confortable, mais comme il m’était peu utile, cela ne me dérangeait pas. Eh oui, moi, Mélisende Compton, je ne dors pas. Cette fois, je m’étais décidée. Je ne désirais plus d’une chambre si peu fréquentable. De cette chambre où même les putains ne désiraient pas passer une nuit.
Quand vint le soir:
La lune orne enfin le ciel. Du
rant la journée, j’ai dû faire les cents pas, rideau fermé bien sûr. Il semblerait que les rayons, s’il n’entre pas en contact direct avec la peau, ne brule pas mes tissus. À la normale, je reste assise sur le lit toute la journée attendant le moment pour aller chasser. Mais cette fois, ce fût différent… Étoile. Non, je ne parle point du soleil à qui j’ai donné le même nom. Je parle ici d’une jeune femme que j’ai rencontrée la veille. Je serre une serviette en papier dans les mains. Mon sourire s’agrandit. Je l’ouvre et lis les instructions. Ce soir, après avoir chassé, j’irais en cette fameuse île pour retrouver la belle. Moi, qui est pourtant une femme solitaire, enfin si je peux dire que je suis une femme, j’ai apprécié sa compagnie.
Je sors enfin de cette chambre, par la fenêtre, et m’aventure dans le petit village. J’espère que le malheureux qui osera croiser mon regard ne sera pas un enfant, ni une femme. J’espère qu’il aura pêché et qu’il méritera ce qu’il l’attend. Après quelques minutes de marche, je décide de terminer celle-ci dans une sombre ruelle. Un homme, sans-abri selon mon jugement, est assis bouteille à la main près d’une benne à ordure. Je m’avance vers lui, avec mon talent de rapidité, et je m’arrête devant lui. Je lui murmure quelques phrases et plante ensuite mes crocs à l’intérieur de sa veine jugulaire. Je laisse son enveloppe corporel le dans la poubelle et quitte ensuite la ruelle. Destination Nodoka.
[…]
Un paysage magnifique s’offre à mes yeux noirs. Je reste stupéfaite avant de reprendre mon chemin. Je ne connais pas cet endroit. Je crois bien être sur cette île dont me parlait Étoile Céleste. Un château se dresse non loin. Je décide donc de m’y rendre.
Je me glisse vers l’arrière, dans la cours. De belles fleurs embrassent le sol. Un jardin, c’est ainsi que j’appellerais cela. J’hausse les sourcils. Pourquoi devrais-je me remplir d’émotions face à des fleurs ? Aucunement. Je continue d’une démarche sensuelle. Beauté superficielle me dis-je. Je m’arrête, bien droite au centre d’un milieu naturel.